Orthographe des noms de hameaux de Biollet

Comme nous l'avons vu précédemment, on observe des variations orthographiques dans les noms des hameaux selon les sources consultées, parfois même dans un même document. Voici donc les différentes orthographes rencontrées jusqu'ici :

  • les Arses
  • Bascobert
  • le Bost
  • Boulard
  • le Breux
  • la Brousse
  • Bunleix
  • la Carte, la Carte Vieille
  • la Chabassière
  • Chantessel, Chantassel
  • Charinges
  • le Cheix, les Cheix
  • Chez Cazard, Chez Casard
  • le Condobeix, le Condaubeix
  • Fougereix, les Fougereix, Fougeret
  • Lamadon
  • Laussedat
  • Lébeaupin, Lebaupin, Lébaupin, Ébeaupin, L’Ébeaupin, L’Ébaupin
  • la Maison Neuve
  • la Maison Seule
  • Martinon
  • Muraton
  • Nouaillat, Nouailhat, Noailhat, Noalhat
  • le Prat
  • Puy du Prat, le Puy du Prat
  • Puy Pelat, Puy Pellat,
  • le Sacristain
  • Sourdelliers, les Sourdeliers
  • Termes, Thermes
  • la Tuilerie
  • le Venteuil
  • la Villefranche, Villefranche, la Ville Franche
  • Villemonteix, Ville Monteix
  • les Ysserts, les Isserts

Concernant le Cheix, j'ai aussi trouvé les Chaix sur une facture de l'entreprise de battages Peyrard-Madebeine de 1926.

Enfin, notons que dans les recensements de population, le Bourg est nommé Biollet jusqu'en 1921 puis le Bourg à partir de 1926. Cela reflète-t-il un changement d'habitude ou une volonté politique, correspondant à une nouvelle vision des commune. On passerait d'une commune constitué du Bourg, Biollet, auquel sont rattachés des hameaux à une commune formée par une aggrégation de hameaux dont le bourg.

Démographie de Biollet

Les recensements de population publiés par les archives départementales du Puy-de-Dôme, nous permettent d'obtenir la population de chaque hameau entre 1841 et 1936 (voir figure 1, ainsi qu'en ligne et le tableau 1). Nous constatons ainsi que les hameaux identifiés sur la carte IGN n'existaient pas tous avant 1936 (la Croix Bleue, la Garenne, le Puy), la Tuilerie n'apparaît qu'entre 1906 et 1911 et un hameau, la Maison Seule disparaît entre 1856 et 1861. Un autre point étonnant est que Termes a plus d'habitants que le Bourg jusqu'en 1881 : 163 habitants à Termes contre 100 dans le Bourg en 1846 !

Figure 1 : Évolution de la population des hameaux de Biollet entre 1841 et 1936
Hameau1841184618511856186118661872187618811886189118961901190619111921192619311936
le Bourg101100109104107107103101104113109111107115128125129107110
les Arses45555556525246534343444540404029363539
Bascobert48504549465752494524343839323830323231
le Bost65465146464146474749373429222518151511
Boulard43494238344035283334312830222623192022
le Breux19221919181719192225242223212123223024
la Brousse28363837363433323233282627221917181514
Bunleix1620241722161618917231920152518171916
la Carte881051010961013131712111614121213
la Chabassière44483732303227312927322729252630302827
Chantessel30292826302434332630292526232117121717
Charinges28303029363231282725253029272519182219
le Cheix22182322181916151111121210788111010
Chez Cazard40495047433841474643362623312925271824
le Condaubeix1319211916252128161616182120191181010
Fougereix131414141175776776456765
Lamadon33363733252730343725292928232622161615
Laussedat10677557788666585567
L'Ébeaupin13855558654433223333
la Maison Neuve108919101612111476468687914
la Maison Seule1010119               
Martinon47384030373336413227232826222021192021
Muraton50424656404444394035303233373228222324
Nouaillat43504345474841525145423442443730303227
Le Prat27363036283436383839344042363630343228
Puy Pelat54636568616562556359565151504839383324
Puy du Prat1716141415101719121615186457554
le Sacristain1619161714151311122689611155446
Sourdelliers39364244454239393826282426272520161411
Termes15816316115613111611511811699101102131959285767663
la Tuilerie              33234
le Venteuil42485247424447474441363935363430302526
la Villefranche33302731303829353422181815191011111312
Villemonteix898878765455444651111
les Ysserts610121111101112712121515111216121414
Total1179122112211196110811111088111210631004953942946871886782748735706
Tableau 1 : Évolution de la population des hameaux de Biollet entre 1841 et 1936


La page Wikipédia de Biollet donne l'évolution de la population totale de Biollet entre 1793 et 2021 représentée sur la figure 2 (visible également en ligne) :

 Évolution de la population de Biollet entre 1793 et 2006

On observe un maximum entre 1846 et 1851 avec 1221 habitants, puis une forte diminution jusqu'à 319 habitants en 2021 : la poppulation a été divisée par près de 4 en 175 ans !

Hameaux et lieux-dits de Biollet

Selon le trésor de la langue française informatisé, un lieu-dit est un "lieu dans une ville, mais plus généralement à la campagne, qui porte un nom traditionnel rappelant une particularité topographique ou historique" [1]. Un hameau est quant à lui un "groupe d'habitations rurales situées à l'écart d'un village et administrativement rattachées à une commune" [2]. Ainsi selon Wikipédia, "la différence tient au fait que, contrairement au hameau, un lieu-dit n'est pas forcément un lieu habité, il peut être un champ, un carrefour ou encore un bois. Il s'agit en fait d'un lieu marqué dans le paysage par un établissement ou un aménagement humain, sélectionné parmi l'ensemble des microtoponymes dans la nomenclature, la cartographie et la signalétique officielle des lieux d'un pays" [3]

La carte IGN de Biollet permet d'identifier les hameaux et quelques lieux-dits.

Commune de Biollet sur la carte IGN Top25

Outre le Bourg, nous identifions : les Arses, Bascobert, le Bost, Boulard, le Breux, la Brousse, Bunleix, la Carte, la Chabassière, Chantessel, Charinges, le Cheix, Chez Cazard, le Condobeix, la Croix Bleue, Fougereix, la Garenne, Lamadon, Laussedat, Lébeaupin (pour partie), la Maison Neuve, Martinon, Muraton, Nouaillat, le Prat, le Puy, Puy Pelat, Puy du Prat, le Sacristain, Sourdeliers, Termes, la Tuilerie, le Venteuil, la Villefranche (pour partie), Villemonteix, les Ysserts. Soit 36 hameaux en plus du bourg ! À noter que deux hameaux sont partagés avec d'autres communes : Saint-Priest-des-Champs pour Lébeaupin et Espinasse pour la Villefranche. Notons aussi qu'il existe deux hameaux Laussedat, le second étant situé sur la commune de Saint-Priest-des-Champs, à proximité du Laussedat de Biollet.

Cette carte permet également d'identifier des lieux-dits : Bois de la Pradelle, Bourdayat, Fontgouerand, Legay, Lorençon, les Vialles, Suquet de Baubière, la Sagnolle. On y trouve aussi des édifices (Croix des Quatres Curés, la Croix Rouge, le Moulin de Beauregard, le temple bouddhiste, l'antenne des opérateurs télécoms) ainsi que deux étangs (Étang du Cheix, Étang de Bunleix) et deux ruisseaux (le Coli, Ruisseau de la Raterie). Enfin, la source captée et la station d'épuration sont indiquées.

La Base Adresse Nationale présente une liste légèrement différent puisque la Maison Neuve n'y appaît pas, étant intégrée à Martinon. D'autre part, on constate quelques variantes orthographique sur certains hameaux : le Condaubeix, les Fougereix, l'Ébaupin, le Puy du Prat, les Sourdeliers, Villefranche (sans la). Au final, la base nationale officielle des adresses dénombre 35 hameaux en plus du bourg, la Maison Neuve devenant un lieu-dit.

Enfin, la base FANTOIR établie une liste des vois, lieux-dits et ensembles immobiliers des communes. Pour Biollet, on trouve la liste suivantes (en gras les nouveaux lieux-dits identifiés) :

  • LOTISSEMENT LE PUY
  • L'ANGLADE
  • LES ARSES
  • LES ATES
  • LES AYAS
  • BASCOBERT
  • BEAUFRAIX
  • LE BOURG
  • BOIS DE LA PRADELLE
  • LE BOISSONNET
  • BOSQUET
  • LE BOST
  • BOULARD
  • BOURDAYAT
  • BREJASSOUX
  • LE BREUX
  • LA BROUSSE
  • BUGE ROUGE
  • BUNLEIX
  • LA CARTE
  • LA CHABASSIERE
  • CHAMP GRAND
  • CHANTESSEL
  • CHARINGES
  • LE CHARROT
  • CHEZ CAZARD
  • LES COMBES
  • LE COMMUNAL
  • LE CONDAUBEIX
  • LA COTE
  • LES COTES
  • LE COUTIERE
  • CROFETOUX
  • LA CROIX DES QUATRE CURES
  • LA CROIX DU TRAIT
  • LES CROS
  • L'EBEAUPIN
  • ETANG DE BUNLEIX
  • L'ETANG DE LAUSSEDAT
  • ETANG DU CHEIX
  • LA FONT CHAUDE
  • FONTGOUERAND
  • FOUGEREIX
  • LE FOURNIEROUX
  • GANNE DE BUNLEIX
  • GANNE DE CHABASSIERE
  • LA GARENNE
  • LE GAROUTIT
  • LES GOUTTES
  • GRAND CHAMP
  • LABOURET
  • LACHAMP
  • LAMADON
  • LAPIC
  • LATUMOULADE
  • LAUSSEDAT
  • LAYAT
  • LEGUAY
  • LORENCON
  • LA MAISON NEUVE
  • LE MARAIS
  • MARTINON
  • LA MORTURA
  • LES MOULIERES
  • MURATON
  • NOUAILLAT
  • LE PATURAL
  • LE PECHER
  • LA PECHERIE
  • PECHERIE DU BREUX
  • PIERRE BLANCHE
  • LE PIZORET
  • LES PONTAITS
  • LE POUX
  • LES PRADES
  • PRAMOT
  • LE PRAT
  • LES PRUGNETTES
  • LE PUY
  • PUY DE MURATON
  • PUY DU PRAT
  • PUY PELAT
  • PUY ROCHER
  • QUEUE DE RAT
  • LA RIBEYRAT
  • LA RIBEYRE
  • LE SACRISTAIN
  • LA SAGNETTE
  • LES SAGNETTES
  • LA SAGNOLLE
  • SOURDELIER
  • SOUS BROFFEIX
  • SOUS LA FRONDE
  • SOUS LE BOIS
  • SUQUET DE BAUBIERE
  • TERMES
  • TUILERIE DE LA PRADELLE
  • LE VENTEUIL
  • LES VIALLES
  • VILLECHINOT
  • LA VILLEFRANCHE
  • VILLEMONTEIX
  • LES YSSERTS
  • LA PRADELLE
  • LE CHEIX
  • LA CROIX BLEUE
  • PLACE DU FOIRAIL
  • RUE LAMADON
  • ROUTE DE PONTAUMUR
  • CHEMIN DE TERMES

Voilà qui allonge considérablement notre liste de lieux-dits ! Et sans doute cette liste n'est-elle pas exhaustive ; quasiement chaque champs ayant son petit nom...

[1] Défintion de lieu-dit du TLFi
[2] Défintion de hameau du TLFi
[3] Défintion de lieu-dit de Wikipédia

Une apparition mariale à Termes (hameau de Biollet)

Le Rappel du 17 septembre 1879 relait une information intéressante du Moniteur du Puy-de-Dôme. Une habitante de Termes, âgée de 72 à 75 ans était toujours vierge. Alors est-ce son anaphrodisie ou l'abus de jaja, toujours est-il qu'elle a été témoin  d'une apparition mariale !

Le Rappel du 17/09/1879 p. 2

Voici la transcription de l'article :

A Termes, hameau dépendant de la paroisse de Biollet, canton de Saint-Gervais, une femme qu'on pourrait appeler un cas de longévité virginale extraordinaire, qttendu qu'elle a entre soixante-douze et soixante-quinze ans, et qu'elle est toujours restée garçon, a vu la Vierge lui apparaître à différentes reprises. Cette Vierge, raconte notre confrère le Moniteur du Puy-de-Dôme, s'est exprimée en patois, seul langage que pût comprendre le témoin de la chose, et lui a dit que « la France était en ce moment sur une pentefatale ; mais que bientôt, grâce aux prières et surtout au denier de Saint Pierre, elle ne tarderait pas à redevenir la nation très chrétienne et à retrouver son titre glorieux de fille aînée de l'Eglise ».

Le bruit s'est répendu dans le pays que la Vierge se proposait de faire de Termes un de ses nombreux pied-à-terre, et le fidèles vont maintenant chaque dimanche casser une croûte à l'endroit où à eu lieu l'apparition, en attendant veinement qu'elle se renouvelle.

Si on trouve une source dans les environs, voilà Lourdes et la Salettes obligées de faire un procès en concurrence à Notre-Dame des Termes.

Quel dommage que la Vierge n'ait jamais daignéau réservoir de Montsouris !

Que de milliards de bouteilles pourrait vendre la ville.

Le drame de Biollet (12 mars 1873)

« Le drame de Biollet », tel est le titre d'un article parut le 22 mars 1873 dans le journal  Le XIXe siècle en date du 22/03/1873, dont voici la transcription :

Une du XIXe siècle de 22/03/1873

On lit dans le Moniteur du Puy-de-Dôme :
Un crime accompagné de circonstance extrêmement graves vient de faire naître une vive émotion dans le canton de Saint-Gervais.

A quelques kilomètres de Biollet, se trouve un petit hameau appelé les Cheix, bâti sur les ruines d'un vieux manoir qui a joué un grand rôle dans les guerres féodales ; il appartenait à la famille de Vallon d'Ambrugeas. Il n'en reste aujourd'hui que quatre tours à demi rasées et le mur d'enceinte, qu'on a utilisé pour bâtir quelques maisons. Ce mur longe sur une assez longue étendue un vaste étang, au bord duquel se trouve une maison bourgeoise et d'assez coquette apparence.

C'est là qu'habitaient les deux frères Géraud-Dumontel, dont le cadet, placé aujourd'hui entre les mains de la justice, est âgé de 74 ans.

Grâce à leur intelligence, à leur esprit d'ordre, ces deux frères, après avoir beaucoup voyagé, finirent par réaliser une fortune relativement considérable. Bien apparentés, doués d'une grande considération, ils avaient une certaine position dans leur commune : l'aîné en fut longtemps maire, l'autre adjoint. L'un et l'autre étaient serviables et influents.

Il y a environ une trentaine d'années, François Géraud-Dumontel, l'aîné des deux frères, recueillit chez lui un jeune enfant, François Madebène, fils d'un de ses fermiers. Il en était du reste le véritable père, disait la chronique, et de fait la ressemblance était frappante.

Les deux frères Dumontel vécurent ensemble de longues années dans le plus parfait accord ; mais en 1871, ils se brouillèrent tout à coup pour des questions d'intérêt.

L'année suivante, le frère aîné mourut. Par testament, il avait institué son frère Antoine et François Madebène usufruitiers de ses biens immobiliers et leur avait laissé en outre la propriété de sa fortune mobilière.

Ce testament fut la source de discussions violentes entre les deux parties intéressées. Madebène était content de la part qui lui était faite ; mais Géraud-Dumontel, qui s'était toujours considéré comme l'héritier légitime de son frère, n'acceptait ce partage qu'avec peine. Ses sentiments sur ce point ne pouvaient être douteux, car il ne manquait pas une occasion de manifester sa haine contre François Madebène.

Dans la journée du 13 mars courant, M. Bertin, adjoint de la commune de Biollet, fut mandé au hameau de Cheix : c'était Géraud-Dumontel qui requérait son assistance. « La veille, disait-il, il n'avait pu rentrer chez lui ; toutes les portes étaient fermées et personne ne répondait à son appel ; il supposait que françois Madebène avait succombé à une congestion cérébrale ou s'était fait sauter la cervelle. » Toute la famille était sur les lieux ; l'adjoint fit enfoncer les portes qui étaient fermées en dedans et on se trouva tout à coup en présence d'un horrible spectacle.

Sur le sol de la cuisine, près de l'âtre, un cadavre était étendu. Entre ses jambes se trouvait un pistolet déchargé. Ce cadavre était celui de françois Madebène.

Il portait à la tête une blessure produite par une arme à feu. Le projectile était entré sous l'oreille gauche pour sortir au milieu du front ; sur le sol, de large flaques de sang et des lambeaux de cervelle qui avaient jailli en sortant de la hernie produite par le coup de feu.

Se trouvait-on en présence d'un suicide ou d'un meurtre ? Telle était la question que se posaient les assistants. Dans tous les cas, la mort devait avoir eu lieu depuis assez longtemps dèjà, car le coprs était privé de chaleur et déjà raide.

Personne n'avait vu Madebène depuis la veille à sept heures du soir. Géraud-Dumontel raconta qu'il l'avait laissé à cette heure occupé à peler des pommes de terre dans un plat. On chercha aussitôt ce plat, et Dumontel lui-même alla le prendre dans le buffet et le présenta à l'adjoint. Celui-ci constata sur les pommes de terre une large traînée de sang et des débris de cervelle. Dumontel, dont la vue est très-faible, ne les distinguait même pas.C'était un témoignage puissant établissant que la mort était due à un assassinat. En effet la blessure avait dû foudroyer Madebène, et une main étrangère seule avait pu enlever de la table les objets sur lesquels le sang et la cervelle avaient jailli.

Géraud-Dumontel fut atterré de cette découverte, et il paraît même que, dans la nuit, il fit des tentatives auprès des hommes de garde pour obtenir la remise de cette pièce de conviction accablante et la faire disparaître.

Le lendemain, M. H. Gomot, procureur de la République, et M. Robert, juge d'instruction, assistés de M. le docteur Aiguilhon père, se transportaient sur le lieu du crime où se trouvaient déjà le juge de paix du canton et les autorités locales.

Après une longue information qui s'est prolongée fort avant dans la nuit, Géraud-Dumontel a été mis en état d'arrestation.

On nous assure qu'il a fait tous ses efforts pour faire croire à un suicide. Ce système pouvait paraître assez vraissemblable, du reste, à raison de cette circonstance que pour pénétrer jusqu'au cadavre, l'adjoint avait dû forcer les portes qui étaient toutes fermées en dedans. Mais les recherches minutieuses ont permis de constater que l'on pouvait du dehors faire retomber dans son piton le crochet qui sert de fermeture à la porte de la chambre où couchait Madebène. Le meurtrier, après avoir pris cette précaution, avait traversé le corridor, fermé en dedans la seconde porte donnant sur la rue, puis montant au grenier, il avait pu s'échapper par la toiture.

L'opinion publique était très-surexcitée contre Géraud-Dumontel, que l'on considérait comme l'auteur du crime. Les habitants du hameau des Cheix ont sans doute révélé contre lui les charges les plus graves, car après avoir tenté de faire retomber sur d'autres la responsbilité du crime, Dumontel a fini par entrer dans la voie des aveux.

S'il faut en croire ce qui nous est affirmé, il prétendait qu'il aurait été outragé par Madebène, et que c'est pour se venger des provocations de ce dernier qu'il lui aurait tiré un coup de pistolet à la tête.

Géraud-Dumontel a été conduit hier à la maison d'arrêt de Riom.

C'est un petit homme sec, nerveux, étonnamment conservé pour son âge. Il est instruit. Il écrit et il parle avec une très-grande facilité.

Cette affaire passionne beaucoup l'opinion dans les cantons de Saint-Gervais et de Pionsat, où le prévenu possède un grand nombre de parents jouissant de l'estime publique.

Voilà une bien belle histoire, racontée avec force détail : l'amateursime du meurtrier, digne d'un scénario des frères Coen, frise la comédie ! Sans doute est-ce pour cela que les archives départementale en ont tiré un excellent documentaire qui a eu droit aux honneurs d'une émission sur France Bleu Pays d'Auvergne.

Le site des archives départementales présente également un plan de la scène du crime :

Le blog Saint-Priest-des-Champs-Passionement en a également fait un article, dans lequel on trouve un lien vers la le numéro du 18 mai 1873  de la gazette des tribunaux qui rapporte en détail le procès. L'article donne également des précisions sur la famille Géraud-Dumontel :

Gervais GÉRAUD-DUMONTEL, né le 11 janvier 1770 à Saint-Gervais est le fils de Jean Antoine GÉRAUD-DUMONTEL, Sieur du Montel et de la Barge, Greffier en chef au dépôt de sel de Saint-Gervais, Procureur d’office et de Jeanne GEORGE de DURMIGNAT. Gervais, qui occupe la fonction de Chef de bureau des impôts à Montaigut, épouse, le 4 mars 1793 à Marcillat-en-Combraille, Eléonore REDON, née le 26 septembre 1760 à Saint-Médard-la-Rochette (Creuse).

Dès leur mariage ils s’installent comme propriétaire au hameau du Cheix commune de Biollet. De cette union sont nés quatre enfants :

  • Jeanne, est née le 27 septembre 1794 au Cheix et elle est décédée le 30 juillet 1863 à Montmarault. Elle avait épousé, le 26 mai 1818 à Biollet, Gilbert Rémy DESCHARRIERES ;
  • Marie Anne dite Constance, est née le 8 août 1796 au Cheix et elle est décédée le 30 septembre 1874 au bourg de Biollet ; veuve de Jean GOURSON, qu’elle avait épousé le 10 juin 1822 à Biollet ;
  • François, est né le 27 décembre 1797 au Cheix et y est décédé le 6 avril 1872. Il a été adjoint au maire de Biollet de 1858 à 1865, puis maire de cette même commune de 1866 à 1870.
  • Antoine, est né le 25 juin 1799 au Cheix et il est décédé le 21 juin 1873 à Riom.

Et sur François Madebène :

François MADEBÈNE, est né le 31 juillet 1835 au Cheix, il est le fils d’Amable MADEBÈNE et de Françoise MADEBÈNE, propriétaires-cultivateurs au village des Cheix.

Au passage, cette histoire nous confirme que le château du Chey évoqué dans les Coutumes Générales et Locales d'Auvergne était bien à l'emplacement de la chocolaterie Choco Marcel !




Les seigneurs de Biollet : famille de Valon du Boucheron d'Ambrugeac

Sous l'ancien régime, la commune de Biollet était morcellée, et plusieurs seigneurs pouvaient en posséder une partie (Termes, Le Cheix, Puy du Prat, etc). Gilbert de Vallon du Boucheron d'Ambrugeac épouse en 1640 Gabrielle le Loup qui lui apporte en dot les terres de Chey, Chalusset, Biollet et Termes et se fixe au château du Cheix. [1] Ce serait l'année suivante, 1641, qu'il deviendrait "seigneur de Duchez, de Biollet, du Puy-Duprat, & de la Baronnie de Termes." [2] Il était déjà "Chevalier, Comte d'Ambrujeac, Saint-Hippolyte, etc." ce qui ne devait pas lui suffire...

Blason de la famille de Valon du Boucheron
Blason de la famille de Valon du Boucheron
« Écartelé : aux 1 et 4 contre-écartelé d'or et de gueules ; aux 2 et 3 d'or à trois lionceaux de gueules. »
Source : WikiMedia

Leur fils Charles de Vallon du Boucheron d'Ambrugeac épouse Marie de Chauvigny de Blot de Saint-Agoulin, veuve de Sébastien de Roche-Dragon, par contrat passé le 22 juin 1668. [1] Il est également "Chevalier, Comte d'Ambrujeac, Seigneur de Duchez, de Biollet, du Puy-Duprat, Baron de Termes" [2] Sa noblesse est maintenue par un jugement rendu à Limoges, le 30 juillet 1667, par M. Henry d'Aguesseau. [3]

Leur fils François de Vallon du Boucheron d'Ambrugeac épouse Rose de Roquelaure le 5 mai 1701 à Rodez, après avoir passé un contrat de mariage le 10 avril 1701 devant maître Noalhac, notaire à Saint-Jal, et s'être fiancé le 16 avril à Rodez. Il fait hommage à Riom au bureau des Finances et chambre des Domaines le 5 juillet 1717 (signé : Rollet, greffier). [3] Il est "seigneur du Cheix" [4] et bien que les titres de "Chevalier, Comte d'Ambrujeac, Seigneur de Biollet, du Puy-Duprat, Baron de Termes" n'apparaissent pas, cet hommage indiquerait qu'il les détienne.

Leur fils Jacques de Vallon du Boucheron d'Ambrugeac épouse à son tour Louise-Madeleine de Ranconnet d'Escoire le 28 octobre 1727 à Paris (paroisse Saint-Nicolas-des-Champs). Un contrat de mariage a été signé le 14 août 1727 à Paris, devant maître Sellier, notaire au Châtelet de Paris. Il y est fait mention d'un contrat de mariage de Jacques avec défunte Françoise de Courtaurel, reçu par maîtres Sauffre et Mayet, notaires de la justice de Pont-du-Château, le 15 mai 1722. [3] Il porte les titres de "Chevalier, Comte d'Ambrujeac, Baron de Termes" d'après [2], et "comte d'Ambrugeac, seigneur de Termes, de Biollet, Le Cheix, Puy-du-Prat" d'après [4].

Leur fils Gabriel-Louis de Vallon du Boucheron d'Ambrugeac est né le 2 janvier 1732 à Biollet [3] et décédé le 22 septembre 1806 à Riom. Il épouse Louise-Jeanne d'Erlach le 27 mai 1776 à Paris (paroisse Sainte-Marguerite) après avoir passé un contrat la veille aupès du notaire Boulard à Paris. Jacques, le père de Gabriel-Louis donna son consentement au mariage par un acte passé devant le notaire Roudaire à Saint-Priest-des-Champs. [3] Gabriel-Louis est "Chevalier, Comte d'Ambrujeac, Baron de Termes, Seigneur de Duchez, de Biollet, du Puy-Duprat, &c., Capitaine au Régiment de Lyonnois". [2]

Bien qu'issue d'une famille noble dont la filiation est prouvée depuis 1399 [5] et qui eut les honneurs de la cour en 1785 [5], cette belle brochette de seigneurs  ne semble pas avoir laissé une grande trace dans l'Histoire... Mention particulière au petit dernier, Gabriel-Louis qui fuyat lâchement émigra lors de la Révolution.[4] Ses deux fils, Louis Alexandre Marie et Alexandre Charles Louis se distingueront un peu plus (émigration également, chouan, etc.) mais ne seront pas seigneurs de Biollet (merci à la nuit du 4 août 1789).

Sources
[1]  Coutumes générales et locales de la province d'Auvergne. T. 4 / par M. Chabrol
[2]  Dictionnaire de la noblesse : contenant les généalogies, l'histoire et la chronologie des familles nobles de France. Tome 3 / par de La Chenaye-Desbois et Badier
[3] Preuves de la noblesse d'Auvergne / par le Dr de Ribier
[4] Histoire illustrée de la ville et du canton de Saint-Gervais d'Auvergne / par Ambroise Tardieu et Augustin Madebène
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_de_Valon

 

Biollet dans les Coutumes Générales et Locales d'Auvergne

Biollet est citée dans les Coutumes Générales et Locales de la Haute et Basse Auvergne écrit par Guillaume-Michel Chabrol en 1786 (pour le Tome 4 qui nous intéresse). Il s'agit de commentaires sur la Coutume d'Auvergne, recueil des lois civiles rédigé au début du XVIe siècle par Antoine Duprat. On y trouve des renseignements sur certains lieux classés par ordre alphabétique.

Il n'y a pas d'entrée pour Biollet, mais il y en a une pour Termes, hameau dépendant aujourd'hui de la commune de Biollet :

Termes y est décrit comme une seigneurie (c'est-à-dire un ensemble de terres, i.e. de propriétés foncières, de droits et de redevances) de la paroisse de Biollet, dépendant de la coutume de Riom. La seigneurie appartient (en 1786) à Gabriel Louis de Valon du Boucheron d'Ambrujas, lieutenant colonel du régiment du Maine. Mais elle n'a pas toujours appartenu à cette famille originaire du Quercy. C'est Gilbert, l'arrière-arrière-grand-père de Gabriel Louis qui, en se mariant avec Gabrielle le Loup, fille d'Annet le Loup et de Charlotte de la Roche-Aimon, reçoit en dot les terres de Chey (le Cheix, autre hameau de Biollet), de Chalusset, Biollet et Termes. C'est à partir de ce couple que la famille s'établit en Auvergne et se fixe en 1640 au château du Chey ! On notera au passage que le père de Gilbert, Jean s'est marié en seconde noces avec Charlotte de la Roche-Aimon, mère de sa brue !

Quel est ce Chalusset ? Il existe plusieurs hameaux portant ce nom dans le Puy-de-Dôme et la Creuse... Quel est ce château de Chey ? S'agit-il de la bâtisse présente de nos jours au Cheix et dans laquelle est installée la chocolaterie Choco Marcel ?

Dans ce même ouvrage, la page 348 mentionne Termes à l'entrée Miremont :

Coutumes Générales et Locales d'Auvergne page 348
Coutumes Générales et Locales d'Auvergne page 348

Biollet, petite commune des Combrailles

Biollet est une petite commune de 328 habitants (2020) située en plein cœur des Combrailles, dans le Puy-de-Dôme.

Nouvel arrivant, l'objectif de ce blog est de présenter mes découvertes concernant la commune et la région : lieux et paysages, histoire, géographie, coutumes, etc.